Qu'est-ce que
le Zen ?
Lorsqu'on posait cette question à Maître
Deshimaru en France dans les années '70, il répondait
toujours :
"Le zen, c'est zazen".
Zazen, la méditation assise, est à la base du "zen".
Lorsqu'on parle de "méditation assiste", on fait
référence à la méditation assise pratiquée
par le Bouddha sous l'arbre de la Bodhi lorsqu'il a atteint l'Éveil.
"Le Zen, c'est zazen" n'est pas un slogan creux. Ceux
qui s'intéressent au zen pratiquent la méditation
assise. Zazen est la base.
Que signifie le
terme "Zazen" ?
Za = être assis. –
être assis sans bouger, comme une montagne.
Zen = concentration – comprendre l'essence de l'univers.
Le Zen, c'est simplement s'asseoir. Le Zen, c'est simplement Zazen.
Comment pratique-t-on
Zazen ?
Pour pratiquer Zazen, on s'assied, les jambes croisées,
sur un coussin appelé zafu. Grâce à celui-ci,
le bassin bascule vers l'avant, permettant aux genoux d'appuyer
fortement sur le sol. Il est ainsi possible de garder le dos bien
droit.
La verticalité du corps permet une respiration ample, puissante
et sans entrave. A son tour, cette respiration influence l'esprit :
une respiration calme, profonde, libère l'esprit de toute contrainte. C'est
là la véritable pratique de zazen. S'asseoir sans intention. Sans but. Même
sans vouloir atteindre l'Éveil.
Où peut-on
pratiquer zazen ?
On peut pratiquer zazen partout. Il n'est pas nécessaire
de partir au Japon pour recevoir le véritable enseignement
du Zen. On peut pratiquer zazen dans tous les dojos.
Le vrai Zen est ici et maintenant, dans notre corps et dans
notre esprit. La pratique de zazen nous y ramène. Il n'y a rien à obtenir. Rien
à devenir. Il n'est pas nécessaire de courir après la vérité, de fuir les
illusions. Être simplement présent ici et maintenant, dans notre esprit et
dans notre corps. Alors apparaît la conscience profonde, universelle,
illimitée. C'est pourquoi le Zen a une valeur inestimable pour l'homme
moderne, ou du moins pour celui qui a des yeux pour voir et des oreilles
pour entendre. Par la pratique régulière de zazen, il a la possibilité de
devenir un homme neuf en retournant à l'origine de la vie. Il peut
atteindre la condition normale du corps et de l'esprit en saisissant la vie
à même sa source.
Zazen est-il une
forme de méditation comme le yoga ?
Zazen, qui est à l'origine une des postures du yoga,
diffère de celui-ci dans la mesure où il est plus
qu'une simple technique physique de bien-être ou une technique
pour atteindre l'Éveil.
"Zazen, ce n'est pas apprendre à méditer. Ce n'est rien
d'autre que la pratique et la réalisation d'un éveil parfait." Maître
Dogen
"Zazen = s'éveiller".
Pourquoi certaines
personnes portent-elles le kimono noir?
Le port du kimono n'est absolument pas obligatoire. Sont recommandés,
par souci de confort, des vêtements amples (surtout ceux qui
ne serrent pas la taille et les jambes). Il est toutefois demandé
de porter des vêtements de couleur sombre et neutre pour maintenir
l'unité de forme dans le dojo et ne pas perturber les autres.
Certaines personnes portent le kimono uniquement par souci d'harmonie avec leur zazen et pour marquer la différence avec les vêtements portés au quotidien. Elles estiment en effet que le port du kimono leur permet de ne plus voir les détails de leurs vêtements (chaussettes bariolées, pantalons à motifs, t-shirts commerciaux, etc.) et ainsi de mieux s'intégrer dans le dojo (lui-même dépouillé de détails) à l'image d'une montagne stable et calme. Par ailleurs, remplacer les vêtements journaliers par un kimono symbolise le fait de quitter les habitudes, pensées et autres actes qui font partie de notre quotidien et de retrouver notre nature profonde.
Enfin, vous serez peut-être intéressés de savoir qu'il y a kimono et kolomo. Tous deux très semblables, le kimono peut être porté par tout individu quant au kolomo, il est porté par les moines et nonnes (il a les manches beaucoup plus larges et se porte sur un kimono blanc).
Quelle est la signification
du coup de bâton (Kyosaku)?
Kyosaku veut dire Bâton d'éveil. C'est un objet de
grande importance (il n'y a pas d'objet sacré au sens propre
du terme dans le Zen). Il est placé sur l'autel et manipulé
avec respect.
En Occident, le coup de kyosaku est souvent proposé à la fin du premier Zazen et est porté à la demande de l'intéressé qui souvent en a besoin à ce moment-là. (Au Japon, le responsable du kyosaku peut porter un coup à tout instant). Le coup est donné sur une zone riche en points d'acuponcture, à la base du cou, près des trapèzes. Il est à la fois tonifiant et calmant.
Quelle sont les différentes
séquences d'un zazen?
Un zazen dure soit 1 heure, soit
1 heure 30.
Une séance de zazen débute 5 à 7 minutes avant
l'heure précise par la frappe du bois (en coups d'intensité
décroissante) qui invite les personnes à entrer dans
le Dojo et à aller s'asseoir face au mur. Au moment précis
du début du zazen, on sonne la grosse cloche, ce qui indique
que l'on ne doit plus bouger. Le responsable du dojo et son assistant
présentent alors l'encens à Bouddha, font 3 prosternations
puis s'asseyent (ils font face à l'autel). La première
partie de zazen se déroule ainsi en silence jusqu'au moment
où le responsable dit "Kyosaku". La personne qui en est alors
responsable (le Kyosakuman) se lève, va chercher le Kyosaku
à l'autel et le présente à la personne qui
dirige le zazen puis à toute personne qui en désire
l'application.
Une fois ceci terminé, le Kyosaku est replacé sur
l'autel et l'on sonne la fin de la première partie (deux
coups de petite cloche) et le début de Kin-hin. C'est une
marche méditative en silence qui se déroule jusqu'au
moment où le Kyosakuman sonne la petite cloche et invite
les participants à aller se rasseoir. Débute alors
la deuxième partie de Zazen, durant laquelle le responsable
du Dojo lit un kusen (extrait d'enseignement). A la fin de la deuxième
partie, celui-ci dit "Kaijo" (ce qui signifie "tambour"). Le responsable
du tambour frappe ainsi l'heure suivi par le Kyosakuman qui frappe
sur le bois (comme au début du zazen). Le responsable du
Dojo invite alors tout le monde à se retourner pour chanter
l'Hannya Shingyo (voir ci-dessous) suivi des 4 vux du Bodhisattva,
des vux de santé et d'éveil et finalement le
texte du Ji-ho.
Pourquoi médite-t-on
face au mur?
Ceci est caractéristique de la pratique du Zen Soto (dans
l'école Zen Rinzaï, on médite face aux autres).
Notez que si vous désirez néanmoins "savoir ce qu'il
se passe derrière votre dos", vous ne devez pas hésiter
à le faire savoir à la personne responsable du dojo
qui vous proposera de passer une partie de la séance face
à tout le monde. Au début, vous pourrez observer la
présentation d'un bâton d'encens ainsi que 3 prosternations
et juste avant Kin-hin, vous verrez comment la personne responsable
du Kyosaku présente et pose le bâton aux individus
qui le demandent.
Etre face à un mur est à la fois plus facile et plus difficile. D'un côté, l'attention n'est pas constamment sollicitée par les autres, d'un autre côté, on est face à soi-même, c'est à dire face à la difficulté de maintenir son attention sur la posture et la respiration, et non pas sur ses pensées et son monologue intérieur. Etre face à soi-même, c'est comme s'observer dans un miroir: on y voit nos pensées, nos émotions et les réactions de notre corps qui apparaissent puis disparaissent. Parfois, on voit qu'elles s'accrochent, parfois pas. Bref, intuitivement et progressivement, on apprend à se connaître et, petit à petit, on défait des nuds et on stabilise nos pensées et nos émotions. On fait alors connaissance de manière de plus en plus approfondie avec notre véritable esprit.
Dois-je
pratiquer zazen avec d'autres dans un dojo ?
Il est important de pratiquer zazen régulièrement
avec d'autres, et ce pour diverses raisons :
Si vous vous rendez régulièrement dans un dojo, vous faites en sorte que zazen ne dépende pas de votre humeur du moment. Zazen nous place devant un miroir, nous permet de nous découvrir nous-même. C'est souvent pendant les zazens que l'on n'avait pas vraiment envie de pratiquer au début que l'on apprend à se connaître le mieux.
Les Maîtres Zen donnent souvent le conseil suivant : "Ne
vous illusionnez pas vous-même". Au dojo, le responsable surveille
les postures et, si nécessaire, fait des remarques. Le kyosakuman
corrige également les postures, le cas échéant.
Lorsque l'on pratique seul, on ne dispose pas de ces possibilités
et on court le risque de se faire des illusions sur sa posture.
Lorsque l'on fait zazen seul à la maison, il est facile de
prendre de mauvaises habitudes.
La meilleure raison pour laquelle il est préférable
de faire zazen dans un dojo réside sans aucun doute dans
l'interaction qui existe entre les pratiquants. On peut comparer
cette influence réciproque à un feu de bois. Une bûche
produit peu de chaleur. De nombreuses bûches dans un poêle
à bois réchauffe une pièce entière.
Faire zazen seul est difficile. On perd rapidement la concentration
sur la posture et la respiration. Lorsque l'on fait zazen en groupe,
on est porté par la concentration des autres. En outre, tout
le monde pratique ensemble, anciens comme débutants. C'est
une bonne motivation à tenir bon quand la posture devient
un peu difficile.
Pourquoi chante-t-on
l'Hannya Shingyo?
L'Hannya Shingyo est la version en sino-japonais ancien du Prajna
Paramita (qui est l'essence du Sutra de la Suprême Sagesse,
l'essentiel d'un ensemble de sutras, c'est-à-dire écrits
des paroles du Bouddha Shakiamuni, contenus dans 600 livres; c'est
le texte central du Bouddhisme Mahayana). Il n'est bien sûr
pas obligatoire de le chanter. On le chante cependant à la
fin du zazen pour nous permettre de nous extérioriser à
nouveau, et ainsi nous préparer à sortir du dojo en
passant progressivement de cet état particulier de vigilance
et de concentration calme qu'est zazen pour nous plonger dans le
monde et toutes ses sollicitations visuelles et auditives.
Le mot "sutra" veut également dire: "enseignement". Chanter l'Hannya Shingyo après chaque zazen permet de se rappeler cet enseignement, par l'exercice du souffle et de la récitation.
Des livres entiers ont été écrits pour commenter l'Hannya Shingyo et le Prajna Paramita. Si cela vous intéresse, faites le savoir.
Qu'est la signification
des autres textes chantés?
A la fin de zazen, nous chantons l'Hannya Shingyo, ainsi que les
4 v?ux du Bodhisattva et le texte du Ji-ho. La personne qui
est à la grosse cloche récite aussi les vux
de santé et d'éveil. Les 4 vux du Bodhisattva
synthétisent l'idéal que tout bouddhiste veut atteindre:
on fait le vu de s'éveiller et d'aider tous les êtres
sensibles à connaître la fin de la souffrance et ainsi
à s'éveiller.
Le texte du Ji-ho reconnaît la perfection de la sagesse enseignée par le Bouddha et les Bodhisattvas.
Pourquoi utilise-t-on
des termes japonais?
Il est évident que nous pourrions parfaitement nous exprimer
uniquement avec des mots français. Cela nécessiterait
cependant d'utiliser des images pour décrire des objets,
séquences et situations qui n'ont pas d'équivalent
en français (quelle est l'équivalence en français
des mots Kyosaku, Kin-hin, Kaijo, Mokugyo, etc.?). L'utilisation
des termes japonais permet ainsi de simplifier notre langage et
de maintenir notre attention sur ce qui compte: la vigilance sur
notre posture et notre respiration.
Par ailleurs, tous les textes chantés et mots utilisés sont extrêmement anciens. Leur utilisation permet de maintenir une simplicité et une continuité dans l'enseignement qui est transmis depuis 2500 ans. Le fait d'utiliser des phrases et des mots traduits dans une autre langue ne permettrait pas d'en garantir sa continuité et la divergence qui en découlerait rendrait la pratique de zazen bien compliquée.
Quel est le lien
entre le Zen et le Bouddhisme?
Le Zen est une des différentes écoles du Bouddhisme,
lui-même issu de l'Inde. Une fois que l'enseignement de Bouddha
s'est propagé au restant de l'Asie, il s'est adapté
aux différentes cultures. Il est ainsi arrivé en Chine
(où il s'appelle Chan) puis au Japon (sous la forme du Zen).
D'autres voies ont amené le Bouddhisme dans l'Asie du Sud-est
(c'est l'école Theravada). Donc la "philosophie" est la même
pour toutes les écoles Bouddhistes mais la particularité
du Zen est de mettre l'accent sur la posture (zazen).
Y a-t-il d'autres pratiques
du Zen en Belgique?
Oui, bien sûr. Il est possible de pratiquer le Zen dans
de multiples lieux, certains représentant l'école
Rinzaï, d'autres l'école Soto. L'autre association la
plus connue est certainement "les Voies de l'Orient".
Est-ce qu'un croyant
dans une autre religion telle que le Christianisme peut pratiquer
Zazen?
Parfaitement. Un excellent exemple est la participation active
du Père de Béthune aux Voies de l'Orient. Un autre
exemple en est la participation de nombreux moines de l'abbaye de
Maredsous aux zazen lors du camp d'été organisé
par l'AZB.
Pourquoi appelle-t-on
"poisson" l'instrument de percussion près de l'autel?
Ce poisson, appelé Mokugyo, est le symbole de l'éveil
car, même mort, le poisson garde les yeux ouverts.
Qui est cette personne
japonaise sur la photo dans le dojo?
C'est Maître Deshimaru qui est à l'établissement
de l'établissement du Zen en Europe. Arrivé en France
en 1966, seul, démuni, ne parlant pas le français,
Taisen Deshimaru consacre son temps à l'enseignement de zazen
et à donner des conférences dans divers endroits.
A partir des années 70, le nombre des disciples devient plus
important et un véritable groupe (sangha) se forme. L'Association
Zen d'Europe est créée en 1970 (qui deviendra l'Association
Zen Internationale en 1979). En 1972, Taisen Deshimaru introduit
en France Ango, l'ancienne tradition des camps d'été,
tradition qui se perpétue depuis le Bouddha Shakyamuni.
D'année en année, en différents endroits de France, des centaines de personnes se réunissent autour de lui pour suivre son enseignement. Au cours de toutes ces années, il dirige quotidiennement les zazen ainsi que des sesshin un peu partout en Europe. Simultanément, il traduit, commente et publie les écrits des grands maîtres du temps passé.
Infatigable promoteur du Zen, il fonde le temple de la Gendronnière en 1980 et plus de 100 Dojo en Europe avant qu'un cancer particulièrement violent l'emporte au printemps 1982.
Pourquoi salue-t-on
l'autel en entrant?
Ce salut s'appelle "Gassho". On
salue le lieu où des personnes vont s'asseoir et méditer.
C'est le geste qui exprime notre profond respect. Les mains jointes,
le haut du corps légèrement incliné vers l'avant:
c'est véritablement la manifestation de notre esprit calme,
concentré, respectueux. Néanmoins cela n'a rien à
voir avec un culte quelconque. Nous pensons en effet qu'en faisant
zazen, nous retrouvons automatiquement et naturellement l'origine
et l'essence de notre esprit: notre état de Bouddha. Est-ce
que cela ne vaut pas la peine de s'incliner en entrant dans cet
endroit?
J'ai lu que l'Association
Zen de Belgique est classée parmi les sectes et regroupements
sectaires belges. Qu'en est-il réellement?
Ceci est une malheureuse interprétation d'une étude
réalisée par une commission de l'Assemblée
Générale belge, dirigée par Philippe Moureaux
en 1997. Cette étude a répertorié toutes les
associations belges qui agissent en tant que regroupement d'individus
à titre spirituel ou équivalent. On y retrouve ainsi
des clubs de Yoga, des groupements sectaires, des cours de massage,
les moines tibétains du temple Yeuten Ling à Huy et
aussi le mot "Zen".
Pour éviter tout malentendu, nous avons finalement obtenu de Philippe Moureaux une lettre qui s'adresse à l'Union Bouddhiste de Belgique (UBB) et qui assure qu'il n'y a aucun grief à retenir contre l'AZB. Cette lettre est à la disposition de tout le monde au Dojo.
Pour information, l'Assemblée Nationale française a établi des critères qui permettent de qualifier un groupement en tant que secte. Un groupement est sectaire quand il y a déstabilisation mentale, exigences financières de caractère exorbitant, rupture induite avec l'environnement d'origine, atteinte à l'intégrité physique, embrigadement des enfants, un discours plus ou moins anti-social et à tendance élitiste, des troubles à l'ordre public, importance des démêlés judiciaires, un éventuel détournement des circuits économiques traditionnels et finalement des tentatives d'infiltration des pouvoirs publics.
La participation aux zazen est, elle, totalement facultative et libre, et c'est ainsi que de nombreuses personnes s'y présentent de manière occasionnelle sans qu'il leur soit demandé une seule explication. Par ailleurs, chaque individu est seul juge de la manière d'intégrer (ou non) les enseignements dans sa vie quotidienne. La participation financière est connue de tous et limitée. Mais le point le plus important est encore que nous reprenons l'esprit du Bouddhisme dans tous les zazen en insistant sur le fait que c'est intuitivement, progressivement mais surtout personnellement que l'on (re)trouve sa nature de Bouddha.
Pouvez-vous m'expliquer
comment je dois méditer ?
Pour pratiquer zazen, on s'assoit
sur un coussin rond et épais (zafu), les jambes croisées
en lotus ou en demi-lotus. Le bassin est basculé en avant,
de sorte que les genoux appuient sur le sol. A partir de cette base,
la colonne vertébrale se redresse. On pousse la terre avec
les genoux, le ciel avec le sommet de la tête. Le menton est
rentré, la nuque étirée, les épaules
sont naturellement relâchées. Les yeux sont mi-clos,
le regard posé sur le sol à un mètre devant
soi.
La main gauche est posée sur la main droite, les paumes vers
le haut. Les pouces se rejoignent dans le prolongement l'un de l'autre
par une pression légère et le tranchant des deux mains,
posées sur le haut des cuisses, est en contact avec l'abdomen
à trois doigts sous le nombril.
Chaque détail de la posture a une signification profonde.
Les différentes parties du corps sont interdépendantes
et s'influencent réciproquement ; la posture offre une grande
stabilité. Inconsciemment et naturellement, nous cessons
d'agir par la volonté de l'ego et nous pouvons ainsi (re)trouver
notre nature de Bouddha. Pendant zazen, la respiration est tranquille
et s'établit à un rythme lent, puissant et naturel.
L'expiration est longue et profonde. L'inspiration, plus courte,
vient naturellement. Cette expiration lente, calme et profonde balaie
les complications du mental. L'esprit devient clair comme un ciel
sans nuages.
De même que la respiration juste ne peut surgir que d'une
posture correcte, l'attitude de l'esprit découle naturellement
d'une profonde concentration sur la posture et la respiration. En
zazen, les images, les pensées, les formations mentales surgies
de l'inconscient passent comme des nuages dans le ciel et s'évanouissent
naturellement. Sans entretenir de pensées personnelles, la
conscience hishiryo, au-delà de la pensée et de la
non-pensée, apparaît. C'est le retour à la condition
originelle de l'esprit.
Par la pratique de zazen, les fonctions cardiaque et respiratoire
se régularisent. Le cerveau réagit au stimulus, mais
revient très vite au rythme propre au zazen (alpha lent et
thêta) ; de ce fait, le stress ne peut se développer.
Nous insistons sur le fait que zazen est sans but et sans fin, bien
au-delà du profit personnel. Le Zen mahayana met l'accent
sur l'aspect altruiste de la pratique. Zazen est pratiqué
pour et avec toutes les existences, et toutes les existences pratiquent
avec nous.
Zazen influence l'être entier, corps et esprit. Par la pratique
régulière, la compréhension de notre propre
vie s'approfondit. Cette compréhension se reflète
ensuite dans toutes nos actions quotidiennes. Lorsque dans chaque
acte de la vie l'esprit reste le même que celui de zazen,
nos actions sont naturellement justes.
Comme en zazen, nous pouvons être totalement présents
à l'instant, dans la plénitude d' "ici et maintenant".
Notre mental est pacifié, sans complications, sans calcul,
sans peur. L'égoïsme diminue et nous suivons plus naturellement
le flux de la vie. Ainsi, notre relation aux autres devient plus
facile, plus transparente. La compassion se manifeste, la sagesse
apparaît. Nous pouvons alors aller à l'essentiel et
la vie devient simple. Zazen est la forme adulte de notre vie. C'est
le bonheur véritable, l'authentique liberté.
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